L’isolement des parents à la maison, mon témoignage

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L’isolement des parents à la maison, le témoignage de Cécile

Lorsque mon 1er enfant est né, j’ai choisi de rester à la maison pour m’occuper de lui. J’ai donc posé un congé parental, qui s’est prolongé par un second à la naissance de son petit frère, 22 mois plus tard. Quand on est à la maison avec deux enfants, il est sûr que le manque de reconnaissance sociale est assez fort. Je ne compte plus les « heureusement que tu ne travailles pas ! » qui rassurent, apparemment, certaines personnes sur ma possibilité de me reposer chez moi après des nuits (très) difficiles.

Il faudra aller dire aux Assistantes maternelles et au personnel des crèches qu’ils ont bien de la chance de ne pas travailler et d’être payées pour cela ! Personnellement, je trouve mes journées à la maison bien moins « reposantes » qu’un certain nombres de celles que j’ai passées au bureau dans une vie antérieure. Mais, dans une société où l’on se définit par son travail (rémunéré), je m’attendais à cela et y étais préparée. J’ai toujours repris mes interlocuteurs pour préciser que je ne travaillais pas « à l’extérieur ». Ce à quoi j’étais moins préparée en choisissant ce boulot de maman à temps plein, c’est l’isolement.

L'isolement des parents par Cécile, maman au foyer

Je ne suis pas quelqu’un qui a besoin de voir tout le temps du monde.
Pendant ma 1ère grossesse, j’ai dû arrêter de travailler avant la date prévue, et je ne me suis pas ennuyée le moins du monde. Mais être chez soi à préparer l’arrivée de son bébé pendant un temps déterminé est bien différent que d’être à la maison seule, face à ce petit être qui prend tant de place dans votre emploi du temps complètement désorganisé mais qui, il faut bien le dire, n’a pas beaucoup de conversation (au début).

Lorsque j’ai choisi de ne pas retourner au travail, j’ai choisi de ne plus voir mes collègues qui étaient finalement mes seuls contacts la journée. Comme pas mal de gens en région parisienne je suis « déracinée » : ma famille est loin, mes amis d’école ou de fac aussi, mes anciens collègues également…. Et les quelques connaissances que je pouvais avoir en dehors du travail avaient leur propre job pour les occuper en semaine.

Un enfant ça prend beaucoup de temps, ça occupe tout l’espace et c’est sûr qu’on ne s’ennuie pas. Mais on a aussi besoin d’échanger entre adultes, de parler (d’autres choses que des enfants), de faire des choses pour soi et avec d’autres personnes. Les premiers mois de mon fils aîné ont été assez difficiles. Trouver ses marques en tant que jeune maman est difficile mais la solitude n’arrangeait pas les choses. Je me souviens encore de ces interminables journées d’été, où il faisait trop chaud pour sortir après 10h et où je devais rester, volets fermés, en tête-à-tête avec un bébé de moins de 3 mois, à vivre au rythme de ses tétées. Un cauchemar !

Pourtant, je ne me voyais pas reprendre le travail et laisser mon fils pour « voir du monde ». Tous les petits moments que je vivais avec lui étaient si forts, je ne voulais pas les manquer. J’ai donc cherché à sortir de cet isolement tout en gardant mon fils près de moi.

La 1ère chose a été de discuter avec d’autres mamans via des forums ou groupes de discussion sur internet. L’avantage c’est qu’on peut échanger quand on est dispos (parfois très tard dans la nuit, à moins que ce ne soit très tôt le matin). L’inconvénient c’est qu’il n’est pas toujours simple de se voir « en vrai » et les conversations par écrans interposés ne valent pas les vrais échanges. Sans compter qu’un bébé a bien plus envie que maman s’occupe de lui quand il est tout seul chez lui que quand il a des petits copains et/ou un nouvel environnement à découvrir.

J’ai également continuer d’entretenir des relations avec mes collègues et de les voir de temps en temps : petit passage au bureau, après-midi chez l’une ou l’autre quand elles étaient dispos.

Ensuite, j’ai cherché des lieux « bébé friendly »… Mon fils était trop petit pour le terrain de jeux d’à côté, mais bien assez grand pour avoir sa carte de bibliothèque ! Et puis j’ai la chance d’avoir également une ludothèque pas loin de chez moi avec un coin bébé. Enfin, j’ai découvert les LAEP (Lieux d’Accueil Enfants Parents) où non seulement l’espace est entièrement aménagé pour les tout-petits, mais où les accueillantes sont des professionnelles de la petite enfance qui sont là pour écouter et pour aider, parfois, les parents à lier connaissance.

J’ai également participé à des rencontres de jeunes mamans, organisées par ma commune et surtout aux réunions mensuelles de la Leche League où j’ai pu trouver d’autres mères avec qui échanger sur de nombreux sujets ayant trait à l’enfance ou pas. Lorsque mon fils a été un peu plus grand et qu’il a su marcher je l’ai inscrit à des séances hebdomadaires de « babygym » (plutôt des cours très libres qui convenaient bien à ma façon de voir les choses).

Avec mon deuxième, je m’y suis pris encore plus tôt, puisque j’ai pris des cours de chant prénatal et, par la suite, je l’ai emmené à des séances de motricité libre pour tout-petits. Finalement j’étais tellement occupée que j’ai du me faire un planning hebdomadaire avec toutes nos sorties et rencontres !

Toutes ces activités sont, bien sûr, essentiellement tournées vers mes enfants ou vers mon rôle de maman. Mais j’y rencontre des personnes avec qui je ne suis pas obligée de ne parler que de bébés. Tout comme on ne parle pas que de boulot avec ses collègues ! A côté de cela, j’ai également repris des activités sans bébé, le soir, une fois mon mari rentré du travail, ou l’après-midi à partir du moment où j’ai estimé mes enfants prêts à être gardés par quelqu’un d’autre.

Aujourd’hui, je ne m’ennuie absolument pas et je ne regrette pas d’avoir choisi de rester à la maison (où je ne suis pas tant que ça finalement !). J’ai ainsi pu voir mes bébés grandir, les accompagner dans leurs apprentissages, profiter de tous ces instants avec eux, et en même temps rencontrer des personnes fantastiques et m’ouvrir à d’autres horizons.

Témoignage de Cécile sur l’isolement des parents à la maison, reccueilli le 13 mai 2014

Découvrez La cour des petits, le blog de Cécile, une maman vraiment inventive qui propose des tonnes d’activités pour les enfants de 0 à 10 ans

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3 Commentaires

  1. Audrey privatebebe
    19/05/2014 à 21:34 Répondre

    Je retiens particulièrement cette phrase : “je trouve mes journées à la maison bien moins « reposantes » qu’un certain nombres de celles que j’ai passées au bureau dans une vie antérieure” qui est drôle et pétrie de vérité !

  2. Ines
    15/06/2014 à 14:56 Répondre

    Maman d’un petit bout de presque 17 mois je comprend ce que tu dit totalement.
    Même s on a pas le besoin de voir tous les jours du monde j’aimerai de temps en temps ne penser “qu’a moi” et faire de “trucs entre fille”. Mais voilà j’ai déménager a plus de 700km de mes amies et je ne connais personnes par ici (encore moins avec des enfants) et n’avait pas eu de réponse quand j’ai tenté de trouver sur des forum du monde. Je me sens parfois un peu seule et aimerait échangé avec d’autre sans pour autant parlé bébé lol Même s’il est toute ma vie. Je me suis dit qu’un mi-temps pourrait m’aider à concilier les 2 mais en trouve un n’est pas gagner..

  3. nlc
    04/07/2017 à 13:47 Répondre

    Jeune maman d’une petite fille de 2 mois, je trouve ton témoignage très juste. Je rajouterais un détail : j’ai l’impression qu’en France on cloisonne beaucoup les parents s’occupant de jeunes enfants dans des lieux spécifiques, que tu as cités. Mais quid des restaux, cafés et autres ? Je vis en Angleterre, expatriée avec mon compagnon français et s’ils n’étaient pas là, ces pubs, restaux et autres cafés sympa ou sortir sans se poser de question avec son tout petit (parce que c’est très courant et que les gens te regardent moins de travers, il y a beaucoup moins de formalités officieuses sur tout un tas de chose), je vivrai très mal ces mois à la maison sans trop de contacts avec les collègues de boulot. Tout ça pour dire que je trouve que la société (française) nous pousse aussi à cet isolement. Tu ne penses pas ?

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