Mon bébé warrior, histoire d’une naissance prématurée

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Bébé warrior – Une merveilleuse histoire d’amour… Une grossesse relativement rapide parce que désirée mutuellement… Bref, de quoi redonner joie et espoir après des histoires amoureuses compliquées et malheureuses pour chacun de nous. Bonheur de pouvoir construire une famille recomposée et unie. Nous ne demandions pas mieux !!

Mon bébé warrior, histoire d'une naissance prématurée

Mon bébé warrior, histoire d’une naissance prématurée

Mais voilà, la vie nous réserve parfois bien des surprises et c’était sans compter sur un évènement imprévisible. Un accident de voiture, un refus de priorité d’un septuagénaire et notre vie bascula… Rien de bien grave à première vue : une voiture bonne à mettre au rebut mais j’allais bien, à part cette poussée d’adrénaline due au choc qui me fit trembler pendant plusieurs heures. Les pompiers me transportent tout de même jusqu’à l’hôpital pour vérifier que tout va bien pour le bébé. Consultation, échographie : RAS. Oufffff !!!

Quelques jours plus tard, alors enceinte de 24 semaines à peine, des sensations inhabituelles me perturbent. Est-ce que je commence déjà à avoir des fuites urinaires ?! La poisse ! Je ne me rappelle alors pas avoir eu ce genre de désagréments pour mon premier (né d’une union antérieure, âgé à ce moment-là de 3 ans). Bon eh bien, il va falloir faire avec, ce qui ne m’enchante vraiment pas, vous le comprendrez aisément !!

Une dizaine de jours après l’accident, nous sommes invités à un anniversaire. Nous y allons mais je ne me sens pas très bien puisque les fuites s’intensifient en abondance. Nous décidons donc de rentrer tranquillement à la maison. L’angoisse me gagne tout de même mais je me persuade que ce n’est rien. Vous savez bien comment on est, nous les mamans…On sait que quelque chose ne va pas mais si on s’en faisait pour rien ? Bon, ce n’est rien, on va se coucher !

Mon cher et tendre ronfle à mes côtés, et moi, je n’arrive pas à dormir ! Quelque chose me tourmente, ce n’est pas normal… Quand soudain, la fuite devient inondation ! Je réveille mon chéri en panique, il faut qu’on aille à la maternité, il se passe un truc, mais, je n’arrive pas à mettre de mots !

Par chance, mon petit premier était chez son papa, pas de soucis donc pour le faire garder en pleine nuit.

Les  urgences gynéco en pleine nuit, comme c’est glauque ! Des minutes interminables dans le couloir noir et froid, jusqu’à ce qu’une gentille sage-femme me fasse entrer en salle de travail. Pourquoi ? Je ne comprends pas tout ce qui se passe. On m’installe, on m’harnache, on me pose des questions et les yeux de mon chéri ne quittent pas les miens…On me fait une écho, et là : un trou béant s’ouvre sous nos pieds… « Madame, vous avez perdu les eaux, la poche s’est rompue, il n’en reste plus du tout… Seulement, vous n’êtes qu’à 24 semaines de grossesse, votre bébé ne survivra pas… »Nos regards pleins de larmes ne se quitteront plus pendant des heures ; moi, j’ai l’impression qu’on m’arrache les tripes, j’ai envie de hurler !!!! Mon homme n’arrêtera pas de me rassurer en me disant qu’on en refera un autre….Oui ! Bien sûr ! Mais j’ai mal, très mal…à l’âme. Il ne le dit pas mais lui aussi !

Je reste hospitalisée 3 jours. 3 jours pendant lesquels on me donne des antibiotiques par perfusion (il se pourrait que cette rupture soit due à une bactérie mais les résultats reviendront négatifs), une psychologue vient me voir, mes proches me rendent visite pour me soutenir, mais tout le monde pleure avec moi. On m’explique que les contractions vont venir naturellement, ce qui aura pour but final de mettre au monde un bébé non viable…

La cure d’antibio de 3 jours terminée, pas de contractions… On me renvoie gentiment chez moi en me disant d’attendre les contractions et bien évidemment de venir dès que…

Rien… Les jours passent et rien ne se passe, mise à part cette perte continuelle de liquide amniotique puisqu’il se renouvelle tous les jours. Que faire ? Ma tête va exploser à force de penser à ce qui va se passer. Mais que va-t-il se passer ? C’est justement là le tourment de mes neurones !

Mon homme, médecin de surcroit, n’en peut plus d’attendre ainsi. Il décide de téléphoner à une consœur gynéco de l’hôpital Necker. Elle lui apprendra qu’il y a bien évidemment des moyens de prolonger cette grossesse puisque la rupture de la poche des eaux n’est pas due à une infection. Elle nous prend un rendez vous rapide avec le chef de service gynéco de l’hôpital d’Argenteuil (mon cher et tendre avait à ce moment un pied à terre dans ce coin là, ce qui serait plus facile pour nous de tout gérer).

Je commence à apercevoir une lueur d’espoir. Enfin, je vais être correctement prise en charge. Mais mon âme pleure tous les jours… Et comment va-t-on faire avec mon tout petit de 3 ans qui commence à aller à l’école ? Je le veux près de moi, il est ma force…

Nous nous rendons à cette consultation, pendant laquelle nous apprendrons que l’accident de voiture et sa force cinétique sont très certainement à l’origine de ce problème. Il nous explique très gentiment que tout va être mis en œuvre pour mener cette grossesse aussi loin que possible. À commencer par une hospitalisation pour une cure de corticoïdes pour accélérer le développement des poumons de bébé. Nous comprenons aussi que tout est possible et que tout peut se passer, du positif comme du négatif. Mais tout est très bien expliqué. Enfin nous savons à quoi nous attendre ! Toutes les possibilités sont envisagées.

Mais ma tête est en ébullition et je craque. D’un côté, mon espoir et je veux tout faire pour sauver mon bébé qui s’accroche comme un lion, et de l’autre, mon tout petit qui est loin de moi, chez son papa en attendant la suite des évènements, et qui me manque terriblement… Mais c’était sans compter sur mon formidable chéri, qui prit tout en main… Un papier, un crayon, un calendrier et son téléphone… De longues minutes passées avec le papa de petit amour, de l’intelligence de part et d’autre et le tour fut joué ! Un planning établi afin qu’il puisse être vers nous en fonction des périodes de travail de mon homme et le reste chez son papa. Bébé et maman pouvaient commencer leur bataille sans ombre au tableau !!!

À l’issue d’une semaine d’hospitalisation (cure de corticoïdes, echo, monitoring, prise de sang…. ) l’autorisation m’est donnée de rentrer chez moi (enfin dans le pied à terre de mon chéri, à proximité) en hospitalisation à domicile. C’est-à-dire, avec visite d’une sage femme tous les jours à domicile, prise de sang et prélèvements deux fois par semaine, ainsi qu’une visite à l’hôpital une fois par semaine.

A partir de là, ont commencé les périodes où j’étais entourée de mes deux hommes alternées avec celles où j’étais complètement seule, ma famille vivant à 200 km de là et mon chéri travaillant par période de 10 jours non stop à cette même distance…

Autant vous dire qu’allongée toute la sainte journée, avec pour seule et unique visite, la sage femme, au demeurant charmante et compatissante, la télé n’étant pas ma meilleure amie… Les journées s’en trouvaient fortement rallongées… Mon humeur oscillait donc entre chagrin et espoir selon les pertes de liquide amniotique et de sang ainsi que les contractions. Mais les jours avançaient tout de même, mon bébé lion faisait des bonds sans amortisseurs dans mon ventre… Je lui parlais toute la journée, il me répondait : on se battait. J’étais certaine d’avoir tissé un lien avec lui, unique, fusionnel et terriblement fort !! C’est l’anniversaire de mon chéri. Mon petit n’est pas là. Il s’autorise à m’emmener au resto à 2 pas de la maison. On discute, on compte… 30 semaines de grossesse ! On se met à rêver de 34, 35, 36 semaines… On est heureux, un bon bout de chemin est déjà parcouru !

31 semaines et 3 jours… Des contractions très douloureuses et des pertes de sang assez importantes dans la nuit et mon homme qui ne rentrera pas avant midi… J’ai mal, mon bassin est tiraillé, sensations bizarres mais bon, il n’y a plus de liquide alors… J’ai de toute façon rendez-vous à l’hôpital cet après midi, on verra bien. Ils me garderont certainement pour faire stopper les contractions… La salle d’attente est bondée, je me tords de douleurs sur ma chaise… 1h30 de retard on nous annonce ! Impossible, je ne tiendrai pas ! Chéri part prévenir le personnel de mon état. On me descend en salle de travail pour voir ce qui se passe. Après les examens d’usage, l’interne nous annonce : « Madame, vous êtes à dilatation complète ! »Hein, quoi ? Je ne comprends pas ! Je suis abasourdie ! Je suis ravie de voir enfin la frimousse de ce bébé warrior et en même temps je me dis que c’est beaucoup trop tôt !

Tout est allé très vite ! Trop vite ! Je l’entends, il pleure ! Bébé arrive… Ouf ! Quelques secondes sur mon ventre mais il est tout violet…

Ils l’emmènent très rapidement, mon mari les suit. Je pleure de joie et de peur. J’attends… Chéri revient avec des photos mais les nouvelles ne sont pas bonnes, il ne peut pas respirer tout seul, ils l’ont intubé… La couveuse arrive, entourée de pédiatres, infirmières, et mon minuscule bout dedans, des tuyaux partout, le visage fermé et crispé… Je le vois, il a mal, je ne sais pas où mais il n’est pas bien…

Nous n’aurons le droit de monter le voir dans le service de réanimation néonat que vers 21 h (petit bout a vu le jour à 16h). Attente interminable, mêlée de joie et d’angoisse… La pédiatre nous accueille, les nouvelles ne sont pas bonnes : malgré son terme et son poids (1820 g) tout ce que la médecine sait faire pour les prématurés lui a été prodigué. Reste à attendre de voir comment il réagit… Mes angoisses étaient donc bien fondées. J’ai envie de hurler ! On ne s’est quand même pas battus toutes ces semaines tous les deux pour rien ! Non, je ne veux pas le croire !

Il est si beau mais si petit. J’ai envie de le prendre dans mes bras mais je peux simplement le toucher à travers les ouvertures de la couveuse. Il est si fragile, des tuyaux partout. Nous, parents, des questions plein la tête, nous sommes ailleurs, et le resterons pendant de longs mois…

Il a aujourd’hui 6 ans. Il s’est effectivement battu aussi bien dehors qu’au chaud dans mon bidon. Maintenant, tout ceci n’est plus qu’un lointain souvenir, sur lequel d’ailleurs nous ne revenons pas souvent, tellement il fait ressurgir les larmes à chaque fois. Nous avons eu des mois difficiles, rythmés par la peur de materner un si petit bout, malgré ma première expérience de maman, nous ne sommes jamais préparés à cette maternité-là.

Je vous passe les détails sur l’horrible sentiment d’être une vache laitière puisqu’obligée de tirer mon lait les 5 premiers mois de sa vie, mais je recommencerais si je le devais, tellement c’est primordial pour ces tout petits bébés pas tout à fait terminés… Une intervention chirurgicale pour ses deux mois de vie. Les allers-retours sur Paris pour son suivi tous les mois. Ne l’emmener nulle part tellement on a peur qu’il tombe malade.

Ecouter respirer bébé quand il dort…

Notre vie fut mise en suspens pendant un an environ. La tête dans le guidon. Une apnée. Ensuite, vient la prise de conscience de ce à quoi on a échappé de justesse. Nous avons la chance d’avoir un très grand prématuré sans aucunes séquelles, alors merci la vie ! Mon bébé lion, bébé miracle, bébé warrior, bébé je suis le plus fort !!!

Témoignage de Barbara recueilli le 10 février 2014

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Mon bébé warrior, histoire d’une naissance prématurée Audrey privatebebe

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Vos commentaires

  1. bébé prématuré
    04/06/2020 à 00:08 Répondre

    Super article, nous avons aussi raconté notre histoire sur notre blog. Bonne continuation à vous.

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